Cap-Vert : le tourisme durement impacté par le Covid-19

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Depuis l’apparition du Covid-19, le tourisme du Cap-Vert enregistre une période difficile. La majorité des hôtels a fermé et les vacanciers ont disparu de l’île.

De nombreux Cap-Verdiens ont ainsi perdu leur travail. Le pays table maintenant sur une vaccination à grande échelle pour sauver ce secteur, pilier de l’économie nationale.

Après une croissance de 5,7% en 2019, le Cap-Vert est entré en récession (-0,8) en 2020, selon les statistiques de la Banque africaine de développement (BAD). Ce recul est dû aux difficultés que vit le tourisme, pilier de l’économie nationale avec 25% du PIB. Le Cap-Vert, ancienne colonie portugaise située à 600 km du Sénégal, est réputé pour ses montagnes et ses côtes bercées par l’Atlantique. Mais, la pandémie a terni le décor. Depuis la détection du premier cas de Covid-19 (un touriste italien), en mars 2020, ce secteur est pratiquement à l’arrêt. Il a accusé une récession historique de 14,8%, après des années de performance (5,7% en 2019 et 4,5% en 2018).

Le Cap-Vert a déjà enregistré 19.780 cas de contamination au nouveau coronavirus et 188 décès sur une population de 549 935 habitants en 2019. A cause de la mise en place de restrictions sanitaires au niveau national et mondial, il y a eu l’annulation de la plupart des vols internationaux. Conséquence, le pays a perdu l’année dernière plus de 610 000 vacanciers selon la Chambre du tourisme du Cap-Vert. En 2019, l’archipel a accueilli 819 000 touristes, dont 80.000 sur l’île de Santiago. Ces visiteurs sont principalement des Européens.

Des pertes pour tous les acteurs de la chaîne

Aujourd’hui encore, la majorité des hôtels restent fermés et ceux qui ouvrent ne reçoivent pas suffisamment de touristes pour pouvoir au moins couvrir leurs charges de fonctionnement. Les agences de voyage aussi sont sévèrement touchées par la pandémie du coronavirus. En septembre dernier, elles comptabilisaient des revenus en baisse de 80%. Des pertes énormes qui ont poussé ces entreprises à réclamer aux autorités un assouplissement des mesures.

Evidemment, la population n’est pas épargnée par la pandémie. À Tarrafal, principale station balnéaire de l’île de Santiago, qui abrite la capitale Praia, la vie s’est presqu’arrêtée. Certains commerçants disent avoir perdu jusqu’à 80% de leurs revenus. Une poignée d’entre eux sont encore installés dans les rues vides ou sur la plage pour vendre quelque chose. Les loyers n’attendent pas et on doit nourrir la petite famille. Dans les stations balnéaires, les vendeurs ambulants sont aux abois. Les bijoux pas chers et les objets exotiques ne se vendent plus.

La vente en ligne comme alternative

Il fut un temps où ces ornements s’arrachaient comme de petits pains. Les tourismes avaient l’habitude d’acheter des ornements comme les perles et les boucles d’oreilles créoles, qui donnent une allure chic et coquette aux dames. Face à l’absence de vacanciers sur place, les boutiques en ligne ont explosé au Cap Vert. Mais ces parures se vendent aussi de plus en plus en France. La vente en ligne a encore de bons jours devant elle avec cette quatrième vague de coronavirus que vit l’Europe.

Sur l’archipel ouest africain on mise désormais sur le tourisme interne, en attendant des jours meilleurs. Le gouvernement réfléchit également à la diversification de son économie, trop dépendante du tourisme et du commerce extérieur surtout avec le Portugal, l’Espagne et l’Italie qui représentent 90% des échanges. L’Etat veut mieux s’intégrer avec ses partenaires africains pour réduire cette dépendance vis-à-vis de l’Europe. Il va en outre promouvoir des secteurs forts comme l’agriculture et la pêche. Parallèlement, le Cap-Vert compte sur sa campagne de vaccination à grande échelle pour permettre la libre circulation des personnes et des biens.

Une reprise d’ici l’hiver 2021/2022 ? Démarrée le 19 mars, cette campagne de vaccination vise 70% de la population de l’archipel. Les autorités ont récemment réceptionné 5 850 doses de Pfizer après avoir abandonné les 24 000 doses d’AstraZeneca à cause de la polémique autour de ce vaccin. Plutôt optimiste, le Cap-Vert table à présent sur une sortie de l’agonie d’ici un an. « L’année 2021 permettra de résoudre le problème de la sécurité sanitaire et nous pourrons déjà entrer dans un contexte hivernal différent. Personnellement, je m’attends à un hiver 2021/2022 très acceptable, car dans le tourisme il n’y a pas de mesures qui produisent des résultats immédiats », s’est projeté Gualberto do Rosário, président de la Chambre du tourisme du Cap-Vert.